Tuesday, September 21, 2021

3 septembre 2021

 C'était une fin de journée, un samedi je crois. J'avais un peu de travail à finir quand des amis m'appellent pour les rejoindre à un petit festival qui mêle concerts et théâtre.

Je prends la voiture à la nuit tombée et me rends à un château un peu paumé aux prémisses de la montagne.
Les performances ont lieu dans la cour, et à la fin, chacun traîne dans les multiples alcôves du jardin. Je stresse un peu pour mon travail du lendemain, je ne comptais pas rentrer trop tard.
Une jeune femme m'aborde (une petite blonde très à mon goût), et m'explique au clair de lune, d'un air semi vexé et frondeur, qu'elle avait bloqué sur moi depuis 5 mois, (la dernière édition du festival, où je ne me souvenais plus être venu) mais que là non, c'était mort, tu dead ça, et la soirée traîne, et on finit ensemble quand même, puis elle me guide vers les derniers étages du château alors que la plupart du public s'en est allé.
Nous sommes escortés, par les soeurs, c'est l'héritière des propriétaires du lieu.
En montant, on tombe sur quelques saltimbanques qui répètent une pièce mythique. C'est une farce (ils sont déguisés en polichinelles ou princes du 17e), sur un portuguais venu autrefois au château. "J'exige 5000 écus, pour le précieux manuscrit de Corto !" dit le faux étranger, avant d'être dépouillé par les tenants du lieu, bien plus rusés que lui.
Je crois que j'étais le portuguais, ou que j'avais vu cette scène lors de ma dernière visite. Ils avaient transformé une escroquerie récente en un récit initiatique, et le jouaient comme un rituel.
Un jeune type aux cheveux longs et aux habits proprets, nous suit et tente de s'interposer, c'est un prétendant de ma jeune amie, mais il se fait refouler sans égards par les soeurs qui nous mènent aux appartements privés. L'étage du château est un endroit tout à fait différent du rez de chaussée, un complexe aux parois de verre bleuté, où des scientifiques en blouse tentent diverses expérimentations génétiques, sous une lumière tamisée.
Alors qu'on se retrouve enfin seuls, la terre se met à trembler. (Foutu pour la deadline travail du lendemain.)
Nous sommes passés au sous sol. On y attend des jours, il me semble. Il n'y a plus aucune nouvelle de l'extérieur.
On rejoint par des tunnels une sorte de gare souterraine, avec pour murs des parois de verre qui nous laissent voir la mer toute proche et la voie ferrée qui longe la côte.
Partout au loin, il n'y a que des flammes, et la gare est vide de tout voyageur, comme abandonnée.
Après un temps, nous voyons enfin le premier convoi qui s'avance sur les rails. Les quelques réfugiés sur place commencent à s'emballer, avant de réaliser que ce train de marchandise, un bloc de métal usé, n'a aucun chauffeur ni passagers. Le convoi s'écrase à son quai d'arrivée, nous tentons finalement de sortir.
En procession, on s'avance sur la passerelle qui sortant de la gare s'avance sur l'eau, il y a des ruines semi englouties sur notre chemin, des plantes qui ont repris leur domaine sur les roches (greco romaines, tout ça), des arches, des buildings à moitié écroulés, des fleurs mauves ou émeraudes, un soleil gigantesque enflammé par delà la mer, aucune âme sur la route, certains de mes compagnons se serrent, d'autres paniquent, moi je ne fais que pleurer et pleurer encore, tellement je trouve tout ceci magnifique, des nuées d'oiseaux noirs se posent sur les roches et les bâtiments immergés, comme des couronnes sur les arches mortes.

18 septembre 2021

Je ramenais des amis chez eux après une soirée, le long d'une corniche au bord de la voie ferrée, battue par le vent et la pluie.

Je devais rejoindre une autre fête ensuite dans le village voisin ; il y avait un raccourci en suivant les rails, sur la crête, mais ça demandait un enchainement délicat de course, glissades à genoux sur le sol boueux, et de sauts périlleux par dessus des précipices.
Je maîtrisais assez la glisse, donc j'y filais tranquillement. À mi parcours, il y avait un carrefour tenu par un gang de brutasses armées, mais j'avais l'habitude de bondir sur le toit de leurs mercos, pourrissant leur carrosserie au passage, et ils restaient cois à chaque fois. Leurs regards exprimaient même un certain respect.
Mais entre temps, je recevais un appel de mes potes qui étaient encore sur la route. Ils passaient par le chemin en aval, beaucoup plus sinueux. Il y avait des sortes de petits trains comme ceux qui baladent les touristes dans le centre des villes, qui faisaient la liaison entre les villages en fonçant à 130 sur les départementales, mais je ne voulais pas monter dans ces horreurs.
Je rattrapais mes amis à mi-chemin, ils s'étaient arrêtés dans une auberge abandonnée, et l'un d'eux s'était mis au piano à la lueur des bougies, alors que le tonnerre grondait dehors.
On y fit plein de danses très expansives et lyriques, comme dans un bal fantôme, on me reprochait d'en faire un peu trop. Plus tard une copine sortit une enceinte bloutouthe pour mettre des trucs qui claquent un peu plus, et j'étais très déçu.

6 août 2021

 J'étais parti à Sète pour suivre une formation à l'université, un cours du soir roboratif nécessaire à l'obtention de mes derniers crédits.

Après le cours, je vais trouver quelque chose à manger. Le dernier étage de l'université de Sète était occupé par un supermarché Casino, et j'allais donc à l'espace cafeteria, quasi-désert, où je retrouvais quelques camarades de classe.

Il y avait également le prof, un montpelliérain qui avait l'air aussi fatigué que nous par son cours inutile. On discute un peu, puis regardant l'heure, celui-ci s'exclame "Oh non, le dernier train va partir", et il déguerpit jusqu'à la gare au sous-sol.

Je le suis et arrive à monter au dernier instant dans le wagon (qui ressemble plutôt au pont d'un paquebot), alors que nous commençons à partir.

Le dernier train n'est malheureusement pas direct, et son terminus reste assez loin de chez moi, il faudra faire un changement ou prendre un bus. 

Sur le pont, on a installé une petite table et des chaises. J'y retrouve une jeune artiste que je connais qui était venue passer une audition pour un spectacle. Elle a l'air en panique, le boulot est rare en ce moment. Elle me raconte comment elle n'a jamais voyagé, hors Venise, sa ville natale, Montpellier, puis Sète aujourd'hui...

Le voyage dure ainsi un bon moment. Puis le bateau s'arrête enfin. Des contrôleurs, dont une grande brune très sèche, montent à bord. Je remets mon masque (on discutait en petit groupe à l'air libre), mais trop tard. Elle m'a vu et me donne un bristol sale où sont explicités les moyens de rêgler mon amende : 35 euros tout de suite, travaux forcés, quelques autres choix encore plus abscons.

Alors qu'elle s'éloigne de nous quelques minutes, je vois que la voie est libre jusqu'à l'entrée de la gare, et je file à l'anglaise.

La gare est à flanc de colline, dans ce qui semble être une grande ville que je ne connais pas. Je regarde le nom de l'arrêt sur la façade : je suis à "Dungst Dansk" (et quelque chose me dit que ce n'est pas à côté de ma destination).

Je réalise, trop tard, que nous n'étions pas du tout au terminus. J'entends résonner la corne de brume au loin alors que mon bateau repart.

Il est 5h environ et je ne vois pas à 3 mètres dans le brouillard bleuté. Il commence à faire un peu froid.

23 juillet 2021

C'était dans un village d'un pays nordique. Peut être Norvège.

On avait loué une maison avec des amis pour quelques jours de vacances, et on commençait à essayer de s'intégrer un peu à la vie locale.

On avait rencontré un petit mec à lunettes, à la bibliothèque, très affable. Il aimait beaucoup le vin.

Plus tard, en fin de soirée, je commençais à trouver le type bizarre : il avalait les bouteilles cul-sec, comme un puits sans fond.

Dans la nuit, après avoir quitté le bar, je le suivis jusqu'à sa résidence, la bibliothèque, et l'appercus en train de dévorer des livres et des enfants.

Impossible de quitter le village avant le jour de notre départ, il n'y avait rien autour.

Une femme avait disparu récemment, et c'était bien le bibliothécaire le coupable. Je retrouvais sa tête congelée, enfouie sous la neige derrière la chapelle.

Deterrant l'objet, j'essayais de convaincre le prêtre local de la dangerosité du démon qu'ils hébergeaient chez eux. Celui-ci voulut confronter le monstre, mais devint bientôt son esclave ou sa ghoule.

Quelques poursuites dans la neige plus tard. Mes amis et le dévoreur sont réunis dans la bibli. Il nous explique son plan, tous nous tuer, tout engloutir peu à peu pour assouvir sa faim et réduire le monde au néant.

J'essaie de l'amadouer en discutant avec lui, lui expliquant que sa faim ne serait jamais assouvie, que ses repas de matière ou de chair n'allaient pas dans son organisme, mais directement en enfer, enrichir le diable avec qui il avait fait un pacte.

Il y réfléchit un peu. J'en profite pour faire signe à mes amis de s'enfuir, je saisis un tesson de bouteille et tente une attaque.

Mais le démon me voit et me désarme facilement. Il a un air amusé et condescendant, s'apprêtant à me tuer.

Dans un dernier geste de défense, je le saisis à la gorge déchire de mes doigts sa peau, plongeant mes mains jusque dans la trachée. Cela ne lui fait rien, et il me sourit encore, malgré l'amas de chair sanguinolente qui soutient à peine sa tête. (tout est foutu)


Friday, June 05, 2020

14 février 2020

Un village minuscule éclairé à la torche. Une amie y fait du porte à porte pour vendre des diplômes.
Mon père mort venait à mon chevet, maigre, le bras gauche paralysé. Il me disait : "Mieux vaut être en dépression que dans la tombe." Puis plus doucement, comme un murmure : "J'ai bien pesé ces mots."
Pendant plusieurs nuits, des filles-sorcières me couvrent de malédictions.

Monday, December 23, 2019

21 décembre 2019

Je sortais d'une fête arrosée dans un hôtel particulier. Titubant dans le jardin, je vois deux amies qui quittent elles aussi la soirée et commencent à prendre l'étroite ruelle à peine éclairée qui remonte vers le centre du village, et je tente de les rattraper.
Il avait plu, le sol était humide et le bitume irisé, les plaques d'égout étaient couvertes de flaques. Passant devant l'une d'elles, j'entends un sifflement étouffé et continu, mais je ne distingue rien. Mes amies se sont éloignées, le gémissement souterrain continue de se faire entendre alors que je commence à grimper la rue escarpée.
Sous mes pieds, je vois que l'asphalte abimé est troué en plusieurs endroits. A chaque fois que je passe devant une de ces fissures, j'entends la même plainte s'élever du sol. Le hululement semble à chaque fois aussi proche, comme si quelque chose me suivait sous la surface.
Peu à peu, je prends conscience qu'il y a là, en sous-sol, un deuxième "moi" qui reproduit mes pas à l'envers, faisant le même parcours dans ce monde inversé. Ou plutôt, ce n'est pas tant un "autre" que la seconde moitié de moi, nos deux corps en miroir ne formant qu'une seule entité. Mais la véritable terreur vient de la prise de conscience suivante. Ce corps duel est une coquille vide, arpentant la nuit. C'est à l'intérieur de celui-ci, à la jonction, que se trouve ce qui constitue mon "essence" (?), une boule d'éther compressée qui est la source du son que j'entends surgir du sol depuis le début de mon trajet, cri que je comprends enfin et qui dit : "Let me out !".

1er décembre 2019

C'était un monde sous-marin, toujours plongé dans une nuit bleutée.
Les maisons étaient des sortes de bulbes, ampoules inversées formant des chambres individuelles, cocons de verre meublés de coussins et de tissus à la chaleur hypocrite.
La cité vivait de ses fermes aquatiques. Des bœufs marins et des anguilles-vipères, à la tête plate, arpentaient les larges rues désertes.
J'y fréquentais une jeune femme blonde, plongée dans un silence permanent, tour à tout séductrice et cruelle. Il me semblait certain que quelque chose de très triste lui était arrivé.
J'avais été pris d'un saignement à l'index, et j'allai consulter le médecin du quartier, juste en face. C'était un cousin éloigné que toute ma famille évitait. Il m'accueillit pourtant tout sourire, dans la grange de sa ferme.
Puis il commença les soins. Après avoir discuté un peu, il m'installa sur la chaise médicale, et me planta de longues agrafes à la base des pieds. Au fond de la grange, je voyais alignés des crocs de boucher. "Vous comptez m'y suspendre par les agrafes, et me laisser me vider de mon sang ?"
Le médecin fut pris d'un rictus sinistre.
Je repartis aussitôt chez mon amie. Dans sa chambre minuscule, un cafard avait réussi à s'introduire. "Impossible de le faire sortir, dit-elle, il ne me reste qu'à le manger." Elle saisit l'insecte et l'avale sans hésiter.

Wednesday, October 16, 2019

25 août 2019

J'étais au cinéma, pour l'avant-première du nouveau film de Nobuhiko Obayashi. Sur l'écran immense, la caméra suit les pas d'un personnage de dos, dont on ne voit jamais le visage. Il avançait ainsi sur un sentier de campagne un peu boueux, évitant de vielles toiles d'araignées entre les fourrés. Cette zone regorgeait en été de bestioles, et il se réjouissait d'y passer à la fin de l'automne, alors que tout était encore endormi. Quelques chats errants accompagnaient parfois sa route, faisant un bout de chemin à ses côtés avant de s'enfuir dans un buisson. Continuant sa marche, il arrivait ensuite sur un chemin plus étroit, au bord d'un dénivelé.
Une musique orchestrale, à la fois solennelle et lyrique et avec quelques touches de psychédélisme pop commençait à s'élever. Sur un fond blanc teinté de flammes ardentes, il apercevait non loin, à sa droite, une immense colonne de fumée grise dont les cendres emplissaient le ciel de nuages lourds.
Au bout du chemin, la destination du personnage commençait à apparaître : c'était un espace-lumière, comme une fenêtre tressautante dont on ne pouvait déterminer si elle était en deux ou trois dimensions, et sur ou dans laquelle étaient projetés, se superposant, tous ses souvenirs, passés et futurs.
C'était la plus belle chose que j'avais vue de ma vie.

18 août 2019 (insomnies)

Je remplaçais le sonneur de cloche d'une église de Marseille. Après quelques coups, je vois en contrebas les voisins excédés par le bruit qui balancent des cailloux sur la cathédrale. L'un d'eux entre dans l'enceinte. J'essaie de m'interposer mais ses amis furibonds entrent à sa suite, et me repoussent violemment. Ils fouillent partout et trouvent le véritable sonneur, recroquevillé dans un coffre en bois dans la réserve. Ils le saisissent alors qu'il hurle, et commencent à le découper vivant. L'homme est hagard de douleur et pris de ricanements déments. On lui met une tranche de sa propre jambe dans la bouche, en lui ordonnant "mange". Il dit "ça a un peu le goût du lonzo". L'agresseur se met ensuite à lui faire lentement déguster ses tripes.
Immobilisé, je suis obligé de regarder.

2 août 2019

J'étais hébergé dans une banlieue pavillonnaire chez une amie, dont le père était excessivement jovial et mielleux en compagnie des copines de sa plus jeune fille adolescente. Il avait des airs de Leland Palmer très très obséquieux. Je trouvais des photographies qu'il avait imprimées d'après les
pages facebook de ces gamines. Il y avait eu dans le quartier déjà, quelques disparitions inquiétantes.
Il y avait également deux chats, très désagréables, car grands comme des chiens. L'un d'eux était glabre et n'avait pas d'oreilles. En le caressant, sa peau froide était repoussante. L'autre, ressemblait plutôt à un lévrier au regard mort. Tout le monde semblait me dire que ces créatures étaient des chats, mais j'avais du mal à être convaincu.
Il y avait un troisième chat, plus beau et roux, qui laissait partout des poils qui étaient des filaments d'or.

20 juillet 2019

Cela fait deux nuits que je rêve de parcs d'attraction abandonnés, ou en désuétude. Aujourd'hui, j'étais dans une sorte d'aqualand, dont la piscine était animée par un show mis en scène par le réalisateur du dernier Star Wars.
Sur l'étendue d'eau se projetait la silhouette géante d'une femme en combinaison de plongée. Un projecteur agrandissait son ombre sur toute la piscine, nous disait-on, pour effrayer le monstre marin qui attendait au fond des eaux où se baignaient les quelques rares touristes. Puis l'actrice plongeait (une jeune star américaine en vogue, mais je ne sais plus qui c'était), armée d'un harpon, et feignait de combattre la créature des profondeurs. Quand elle remontait hors de l'eau, à la lueur du crépuscule, je ne pouvais m'empêcher de lui faire remarquer que ce scénario un peu léger, et elle me lançait un regard compréhensif mais un peu triste à travers sa combinaison... La soirée se terminait autour d'un feu de bois. Nous avions trouvé au bord des bassins quelques anciennes cassettes de projets noise et industriels très confidentiels, que nous écoutions sur un poste miniature...
La nuit d'avant, j'étais avec des amis dans un parc à thème autour de l'oeuvre de Lovecraft, perdu dans la forêt et éloigné de toute activité touristique, au bord de la banqueroute. Une vieille femme tentait de faire survivre le lieu, mais la moitié des attractions étaient arrêtées, comme le grand huit, envahi par la végétation.
Une présence semblait nous suivre, et nous devions fuir à travers les feuillages. A l'extrémité du parc se tenait une immense tour d'allure médiévale. Mes amis refusèrent d'y entrer et j'y montais donc seul, mais il n'y avait dans celle-ci qu'une exposition temporaire sur l'oeuvre de Sôseki. Au dernier étage, dans une petite pièce éclairée à la bougie, se trouvaient la mystérieuse patronne à l'air sombre et renfermé, quelques jeunes gens et un garçon, la trentaine, aux cheveux longs et à l'air mi-asiatique, mi-indien d'Amérique, qui semblait déterminé à finir ses jours dans cette zone reculée. Celui-ci avait quitté Hong-Kong quelques années plus tôt. Il me confia dans un murmure :
"Toutes les voies s'arrêtent ici. Tout sera rattrapé par la rouille."

27 juillet 2019

Au bord d'un fleuve saumâtre, dans le quartier chinois d'une grande métropole, envahi de néons, j'errais de nuit à la recherche d'un repas pas cher, et finissais par trouver un soupirail rouillé qui me menait au marché souterrain, où se fournissaient les commerçants.
Là, entre les légumes exotiques et les divers poissons frais, je commençais à me sentir observé et mal à l'aise. Alors que j'étais sur le point de repartir, une sorte de homard translucide, grand comme un berger allemand, émergea lentement d'un aquarium dans un coin de la pièce. Il se dressa debout et commença à avancer vers moi en me fixant. Tous les clients et le personnel me regardaient également. Je remarquai alors que tout mon corps émettait une espèce de lueur phosphorescente.

Friday, October 04, 2019

12 juillet 2019

Nous étions dans une clairière, seulement éclairée par la lune. Debout en face moi, elle me dit d'un air hésitant : "D'ici le 16 du mois, je n'ai pas envisagé le suicide. Mais je ne crois pas qu'il s'agisse d'une séparation."
Autour de nous, quelques tombes fraîchement creusées. Dans chacune d'elles reposent deux ou trois enfants morts, la peau grisâtre et les yeux blancs.
Lentement, leurs cadavres commencent à bouger.
Ils se saisissent de leurs fusils.

12 juin 2019

J'étais allé rendre visite à ma soeur qui travaillait pour un an à Mayotte. Mayotte, donc, était une île montagneuse et étroite, dans les régions froides du nord tout près du grand continent polaire qui englobait la Scandinavie, non loin des côtes de la Belgique et du Canada.
Nous étions allés visiter les grandes rivières souterraines. L'île était parfois prise de secousses, et au fond de ces canaux, dans les fondations de l'île, se trouvaient les fissures sismiques qui annoncent un désastre prochain (mais imprévisible), connu de tous les habitants sous le nom de "grande convergence".
Pas très loin de nous, un yuppie en costard s'était fait accompagner dans les eaux par deux entrepreneurs new-age, et semblait extatique après ce voyage au coeur de la terre, transformé par une sorte de connaissance mystique qu'il croyait y avoir acquise. Ses guides comptaient les billets avec un sourire moqueur.
De retour à l'appartement, je me fais réveiller par ma mère qui trouve que je me lève trop tard. Je grommelle, mais il est en effet 16h45. Nous sortons tous manger un morceau, il y a dans les ruelles proches un syrien qui vend de la street-food asiatique, et un délicieux poulet grillé aux épices.
La ville est à la fois petite et cosmopolite, de vieilles demeures de pierre à flanc de roche et des petites rues pleines de touristes. En contrebas, nous nous dirigeons vers le métro. L'air est glacial et les bourrasques de vent glacé nous projettent à terre. Il y a de grands tubes de tissu qui flottent et servent de couloirs pour l'un des transports locaux, de simples wagons de bois propulsés par le vent.
J'essaie de repenser à la convergence, et à ce que nous avons vu dans les souterrains, mais je n'ai aucun souvenir de la fin de la journée. Tout est comme dans un rêve.
Suivant la côte, nous prenons le train pour aller visiter une autre partie de l'île. Par la fenêtre défilent d'immenses champs de petites fleurs rouges, poussant en grappes (des achilés ?). Je contemple le paysage, tentant de graver ces images dans ma mémoire, mais elles s'enfuient plus vite que le mouvement du train. Je n'arrive à me souvenir de rien.

29 mai 2019

Je vivais dans une sorte de squat, ou résidence universitaire, un bâtiment délabré en forme de U, ancien hôpital pendant la guerre.
Un escalier pliable menait à ma chambre, mais en arrivant, je le retrouve bloqué. D'autres occupants avaient déplacé en-dessous une gazinière. L'étage était inaccessible, l'escalier de bois et les murs couverts de graisse.
Je m'aperçois que les chambres sont presque désertes. Ne reste que le concierge dans une petite pièce, derrière sa porte bien fermée. Il me demande ce que je fais là, m'informe que l'immeuble a été vidé pour "l'exercice" : derrière les vitres, dans la cour intérieure, il y a des soldats et des scientifiques à l'air bêtement réjoui. Ils testent un nouveau projectile, un missile nucléaire de tout petit calibre. Personne n'a de protections. "Ce n'est qu'un tout petit missile" ricane un général frondeur et satisfait.
Les tirs commencent sur une muraille dressée dans la cour, devant lequel sont posés des mannequins. Le concierge et moi, et deux ou trois autres égarés, nous tenons bien à l'abri derrière des murs épais. Les mannequins explosent, les militaires ont l'air ravis. Tous célèbrent leur succès puis l'un des ingénieurs regarde son compteur Geiger, dont les chiffres ne cessent de monter. Son sourire s'efface.

Un peu plus tôt, je visitais la fac pour la première fois, dans une campagne boisée près de Kamakura, et j'y retrouvais une amie. Nous bavardions en nous rendant au réfectoire.
"Je crois que je préférais Paris, me dit-elle. A chaque soirée, dans mes bars ou mes cafés, je retrouvais des amis où que j'aille. C'est si différent..."
"Tu plaisantes, répondis-je, tout le monde vient ici. Rien que sur notre trajet, j'ai aperçu trois de mes anciennes amantes, ou peut-être quatre du coup, avec toi. L'une d'elles est morte l'an dernier."

27 avril 2019

Un monde de zones industrielles péri-urbaines, où des poches de résistance autonomes s'organisaient autour de skate parks, reliés par des rampes de glisse qui s'enfoncent dans le sol pour former des tunnels clandestins. L'un de ceux-ci avait été découvert par la milice fasciste, et ils m'escortaient dans les couloirs sombres vers un recoin souillé de sang. Des images mentales resurgissent, d'une exécution à coups de tournevis tranchant, une énucléation. Je ne sais plus si je faisais partie des victimes ou des bourreaux.

31 janvier 2019

Le monde était devenu une immense zone de trafic inter-urbain, mais sans villes, des paysages déserts de routes, ponts et rampes qui se chevauchent ; les herbes et buissons émergeant entre les voies.
Depuis l'espace, j'avais vu le globe perdre progressivement sa verdure : tout n'était plus qu'un réseau de nodes, chacun marqué par une réplique de la statue de Hachikô.
Pour se déplacer à la surface, il fallait donc traverser des couloirs de camions, des convois interminables dont les wagons reliés entre eux menaçaient à chaque instant de vous broyer au moindre virage contre une des colonnes de béton qui supportaient les rampes de bitume superposées.
Je suis donc ici, entre les bolides, et pour échapper à l'un d'eux qui s'apprête à m'enserrer comme un serpent, je n'ai d'autre choix que de bondir par dessus un talus entre deux voies. Quelques bosquets malingres ont poussé là, et l'espace qui les surplombe est recouvert d'un filet translucide, une dense toile d'araignée qui masque tout sur plusieurs mètres comme une brume diffuse.
Derrière moi, le camion se rapproche. Je balaie autant que possible devant moi avec une branche, et saute au dernier moment.
Alors que je flotte encore dans les airs, je sens la toile qui m'enserre au niveau du cou et m'étrangle, comme un foulard de gaze blanc où d'innombrables points noirs grouillent et s'agitent.

Deux nuits, deux réveils tremblants. (? janvier 2019)


Je suis dans une université au Japon, un ensemble d'immeubles modernes, avec de grandes salles cerclées de parois de verre. Dans l'une d'elles, j'aperçois une amie qui semble s'appliquer de façon très studieuse. J'essaie de capter son regard pour la distraire, mais elle est trop concentrée.
Un grondement sourd se fait alors entendre, et une pulsation unique dont la vibration traverse tout le bâtiment et s'intensifie. Il y a eu un éclair, et je vois par les fenêtres, non loin, s'élever l'immense colonne de fumée typique qui prend peu à peu sa forme de champignon sur un ciel rougi. Tout le monde se presse vers les ascenseurs et les escaliers, sans grand espoir. J'ai à peine le temps de me demander "Qui a pu lancer la bombe, cette fois-ci ?". Des blocs de béton commencent à se détacher du plafond et s'écrasent autour de moi.

Une espèce d'institution, entre l'asile et la maison de retraite. Le personnel est constitué de femmes et de quelques hommes travestis et exagérément maquillés. Je suis parmi les patients, en robe de malade (un peu plus tôt j'ai croisé mon chat, mais il ne m'a pas reconnu), et tous traînent dans les couloirs avec un regard vide. Je fais de même, car il ne faut surtout pas se faire remarquer. Une infirmière nous arrête, pour contrôler notre traitement. Je comprends qu'il s'agit de vérifier que nous sommes bien tous amorphes et dénués de pensée consciente, insensibles à tout stimulus. Je joue la comédie, feignant l'apathie mais l'examinatrice nous pique à divers endroits avec une longue aiguille. Malgré mes efforts, mon regard me trahit. "Il faut, dit la soignante, câbler celui-ci", et elle commence à poser sur mon corps un appareillage censé provoquer la catatonie : une sonde reliée à la moelle épinière - un tube au genou, qui injecte un liquide à travers le cartilage. En panique, je renverse les équipements et cours de toutes mes forces dans les couloirs pour m'enfuir. Il ne semble pas y avoir de sortie.

Friday, September 20, 2019

3 janvier 2019

*Dans la pénombre, elle tient une sorte d’œuf ou de globe, lumière vacillante bleue et blanche ondulant comme une flamme. "Tiens, voici la Volonté", dit-elle, et elle s'approche pour me l'offrir. Je réalise alors que ce que je prenais pour son habit est en fait une silhouette pâle, grise et sèche, qui l'enveloppe et la possède. Je tends les bras d'un coup et pousse un cri bref ; le spectre s'évapore dans une brume de cendres.
*Sur la route, j'arrive à l'entrée d'un rond point quand un corps disloqué s'écrase, comme
projeté par un choc, devant les roues de ma voiture.
*Un phare bleu-nuit surmonté d'un soleil de mille épingles d'or. Tout autour, la nuit opaque est constituée d'innombrables bras tendus pointant un doigt accusateur vers la lumière.
*L'épuisement et la soif.
*Un homme souriant, assis paisiblement au soleil sur l'herbe d'un chemin de campagne surplombant des rizières. Selon l'angle d'où on le regarde, il a une tête de chien.

17 juin 2018

Je revenais d'un concert dans une friche industrielle. J'avais raté les derniers trams, il était 3h du matin et il commençait à faire étrangement jour. Après quelques dizaines de minutes de marche, je trouve un bus de nuit qui me conduit jusqu'au poste frontière.
Là, pour pouvoir passer, il faut obtenir un certificat de santé au bureau spécifique, dans une sorte de pharmacie située dans l'aéroport. Une file d'attente interminable, je me fais doubler plusieurs fois. Je reconnais parmi la foule comme aux guichets plusieurs vieux japonais rigolards, rencontrés à des concerts de Mikami Kan ou dans des bars. Ils semblent plus détendus que moi.
Quand arrive enfin mon tour, c'est trop tard : il est l'heure du repas et la pharmacie s'est changée en mauvaise cantine. On me sert un plateau de riz et de légumes tièdes à la place de mon certificat. Je dormirai là.
Le lendemain, je veux retourner à la friche voir d'autres concerts, et je pars cette fois-ci en voiture avec des amis. Mais il a beaucoup neigé pendant la nuit, la voiture déblaie un bon mètre de neige et progresse lentement. Je prends une petite route qui grimpe sec, et passe un vieux portail de fer. La pente est de plus en plus rude, on dirait plutôt une piste de ski où, je crois, je me suis déjà rendu en rêve.
En franchissant le portail, je crois que nous sommes entrés dans une réserve naturelle ; des ombres se faufilent autour de nous. Nous sommes cernés par les loups. Des loups immenses et noirs aux yeux brillants qui nous prennent en chasse, surgissant derrière chaque arbre alors que nous progressons péniblement. La voiture plonge sous la neige et glisse, creusant des tunnels pour échapper à nos chasseurs, mais ils nous pistent inlassablement et nous encerclent. Alors la voiture devient elle aussi un loup, et il (nous?) finit l'ascension de la piste en bondissant, creusant à chaque saut des trous dans la poudreuse, batifolant comme un jeune chiot fou.

10 avril 2018

Je participais à un grand jeu de rôle grandeur nature. Une sorte de jeu d'enquête, où on est envoyé dans une ville inconnue, un jeu d'identités inventées et de réalités duelles. Je résidais dans un espèce d'appartement à moitié en ruine, un peu squat. Parmi les murs détruits, un lit et une baignoire cloisonnée au centre de la pièce, un canapé usé, des fringues jetées ça et là.
J'avais remarqué lors de l'ouverture du jeu une des participantes, une fille renfermée aux cheveux noirs et courts, à l'aura de mystère. Elle me traînait autour, sans pourtant m'adresser la parole. Pendant que j'étais en ville (une ville immense et indéfinie), je vois que se tient une conférence de P. T. sur les tueurs en série. Il me parle de certains tueurs qui se mêlent au jeu auquel je participe, qui le font par spleen et solitude, et tuent pour s'oublier ou se délaisser d'une partie de leur souffrance; des assassins par désespoir, qui choisissent une proie et ne la lâchent plus ; souvent des filles...
En sortant, je remarque celle de tout à l'heure, qui tourne vers l'entrée de la salle. Comme je repars, elle se met à marcher en silence dans la même direction, et quand je rentre chez moi, fait mine de s'arrêter à la terrasse du café d'en face. Son regard fuyant est d'une tristesse insondable.
Dans ma chambre insalubre, je sais alors que je ne suis plus en sécurité. Je m'enfuis et prends un billet pour le premier train qui quitte la gare la plus proche, un vieux train à vapeur qui traverse des champs déserts pendant des heures. J'y retrouve S., qui me dit que le train va suivre le circuit des lieux qui ont inspiré son livre sur les adolescentes japonaises.
Nous arrivons bientôt au terminus, le centre de Tokyo, dont S. me dit qu'il aurait voulu l'inclure dans son livre, mais "que ça ne collait pas" : on va rarement au centre de Tokyo, les points d'attraction sont sur la périphérie. Mais l'endroit où nous arrivons ne ressemble pas beaucoup au centre que je connais. C'est une place à l'occidentale, avec d'imposants bâtiments de pierre, comme dans une capitale d'Europe de l'est. Sur l'un d'eux, les mots "Tokyo Center" en fines lettres dorées sont à moitié effacés par l'usure et la rouille. Je remarque que les bâtiments sont faits de briques rouges, comme dans une banlieue industrielle anglaise. Les rues sont étroites. Le ciel est lui aussi rouge sang, et bouché par de gigantesques ombres noires difformes.

28 août 2017 Comment je n'ai pas perdu mon chat.

Bon, on l'avait emmené dans un espèce de parcours-nature à flanc de montagne, qui faisait également parc d'attraction. C'était un endroit assez coloré, et fait pour les chats mais je sentais que le mien ne s'y plairait pas forcément (j'aurais dû écouter ce pressentiment). Bref, les chats et leurs maîtres partent ensemble à l'aventure, on emprunte des sentiers mystérieux, souvent seuls, croisant parfois d'autres visiteurs. Les chats, je ne sais pas pourquoi, devaient porter des costumes aux couleurs vives, bleus, verts ou rouges, et les humains également, formant des équipes. J'ai perdu mon chat quelque part après le toboggan à eau. Je crois qu'il n'a pas du tout aimé le toboggan à eau, et après il s'est battu avec un autre animal en combinaison rouge qui l'attendait en bas, et ils ont tous deux disparu parmi les arbres et les bosquets. Impossible de le retrouver. En plus, je ne pouvais pas vraiment continuer mes recherches : on m'interdisait de refaire un tour du parc, et j'avais de plus un avion à prendre dans l'heure, pour la Sibérie.  Je suis reparti abattu pour l'aéroport.
Heureusement que ce n'était qu'un rêve et que mon chat n'a pas vraiment disparu. Je ne lui mettrai jamais de combinaison imperméable pour l'emmener à l'aqualand, c'est promis. Par contre, un moment de frayeur au réveil. Dans le noir complet, j'ai senti la présence de quelqu'un d'autre dans mon lit. Je savais pourtant être seul. Mais il y avait quelqu'un, aucun doute : j'ai de ma main gauche touché sa tête et ses cheveux à côté de la mienne. Un tête humaine, pas de doute non plus, endormie à côté de moi. Un humain que je ne connaissais pas.
Après un moment de panique, j'ai décidé de me réveiller mieux, ou de me réveiller une seconde fois ? et j'ai enfin retrouvé ma chambre habituelle. Il était 6h du matin. J'avais probablement échoué quelques instants dans un univers parallèle, et peut-être aurai-je mieux fait de rester là-bas. Cet univers n'était pas forcément pire que le nôtre. Je ne le saurai sûrement jamais.

Wednesday, September 18, 2019

27 février 2017

Une amie m'a invité pour une séance de yoga, dans la grande maison de famille de son époux, avec qui elle ne s'entend plus très bien. Pendant que sa gamine joue sur sa tablette dans un coin, nous échangeons un baiser interdit ; honteux, je me décide à partir. Dans une petite pièce adjacente (de ce qui ressemble désormais plutôt à un manoir ou un château) se tient une étrange cérémonie, un mariage probablement. Dans une autre, encombrée de bibelots ancien, je vois se tenant immobile un petit cerf, mais aux bois immenses. Il me regarde fixement sans esquisser un mouvement.
J'hésite à prévenir quelqu'un, mais il me semble que si la bête est entrée, elle doit pouvoir ressortir, et je ne veux déranger personne. Je repars donc vers les escaliers menant au grand hall du rez-de chaussée où sont rassemblés une dizaine d'autres invités.
Le cerf se déchaîne alors, comme une bête piégée, et rue dans la foule en tentant de s'échapper. Tout le monde fuit le château en panique, la bête brise poteries et murets sur son passage, je manque de me prendre un coup de sabots.
Je me retrouve sur un sentier de forêt en compagnie d'autres fuyards. Après quelques dizaines de minutes à marcher dans la nuit, nous retrouvons une rue goudronnée. Il pleut de plus en plus.
Mes compagnons hèlent un taxi mais je continue sur un chemin incertain vers la station de métro la plus proche, trempé jusqu'à l'os. Je me réfugie dans une petite gargote de nouilles un peu sale, vide et bercée d'une faible lumière rouge. Puis je me réveille.
Dans le placard en face de mon lit, un mouvement attire mon regard. Il y a une grande peluche simiesque et grise, aux long bras pendants. C'est ça qui a bougé. Je regarde plus attentivement. Elle bouge encore. Je m'approche, incrédule : un de ses bras saisit le mien et m'agrippe fortement. La peluche a l'air de plus en plus humaine, et est prise de spasmes qui s'accentuent. Frénétique, elle me secoue et se disloque, de plus en plus violemment.
Terrorisé, j'aperçois un instant, malgré la pénombre et les tremblements, son visage. C'est le mien.

22 mars 2017

Nous sommes une foule entassée dans la rue, certains sont dénudés. Personne n'ose faire un bruit. Les maîtres de la cérémonie patrouillent, et mon amie et moi, allongés sur le sol, faisons le mort. Nul ne doit nous remarquer : le groupe qui nous commande attend la venue d'une créature nouvelle, celle qui régnera bientôt sur le monde. Il ne faut pas regarder.
Un peu plus tôt, en intérieur, j'avais vu une fille morte dans une flaque de sang. Sa tête tranchée et meurtrie reposait à côté d'elle. De sa bouche tordue d'un rictus figé poussait une longue forme jaunâtre, comme un tube organique rectangulaire gorgé de pus... La salle avait été close. Pendant la soirée, des hommes étaient entrés armés, déguisés comme pour un bal masqué. L'un d'eux a une tête de cheval.
Quand je me réveille, je réalise que je suis en fait cette amie à côté de qui j'étais allongé un peu plus tôt. J'ai l'air agitée, mais une femme s'assied sur le coin de mon lit et me réconforte, et je lui raconte tout mon rêve. Elle comprend alors que j'en sais beaucoup trop : elle tente de m'étouffer. Elle ressemble énormément à Isabelle Huppert.

9 octobre 2017

J'essayais de réserver une chambre dans un hôtel/chalet de montagne. On me donne la n°4 au rez de chaussée, avec vue sur le grand jardin extérieur. En m'y rendant, j'aperçois par la grande porte fenêtre une veste marron comme la mienne posée sur la chaise.
Je reviens à l'accueil : "Pardon, mais cette chambre semble occupée." La réceptionniste : "Ah oui, c'est la suite de M. XX, je vous avais pris pour lui. Nous n'avons plus de chambre libre, désolé."
Je vois dans le hall M.XX. C'est en quelque sorte mon doppelgänger, mais il arbore une grande moustache, a l'air très richement vêtu et est entouré de plein de femmes qui piaillent et s'esclaffent à la moindre de ses paroles.
Je peste intérieurement contre cet usurpateur, mais que faire ? En plus, je suis fauché... Je sors de l'établissement et sur la route qui descend de la montagne, je passe devant une boulangerie japonaise. Je vois qu'ils font aussi cantine et proposent des plats de légume variés. J'ai envie de tenter cette cuisine, pour changer des sandwichs du snack d'à côté. Pas moyen de trouver une place : tous les sièges sont occupés par un groupe de jeunes salarymen japonais complètement semblables l'un à l'autre, et complètement bourrés.
Vexé par ce nouvel échec, je reprends ma descente, choisissant de dévaler la colline en me laissant glisser plutôt qu'en marchant. (Nous sommes au printemps, le chemin de montagne est verdoyant et assez agréable).
Je glisse à toute vitesse. Mon chat me suit à côté. Il fait des bruits plus variés que ses deux sons habituels ("marck" et "moooh" en général), et je comprends qu'il a développé un véritable langage.
Je vois qu'il est assis sur une enveloppe épaisse (moi je ne sais plus sur quoi je suis installé pour glisser, mais le chat en tout cas a l'air à l'aise). Je lui demande ce qu'il y a dedans : "C'est le manuscrit d'une nouvelle fantastique que j'ai écrite", qu'il me répond. "C'est comme ça que King a envoyé ses premiers textes aux éditeurs, dont celui de Shining !". Nous continuons ainsi notre descente vers la ville en contrebas, grisés par le vent. Je suis assez impressionné. Je crois que mon chat est vraiment déterminé à devenir le nouveau Stephen King.