Je sortais d'une fête arrosée dans un hôtel particulier. Titubant dans le jardin, je vois deux amies qui quittent elles aussi la soirée et commencent à prendre l'étroite ruelle à peine éclairée qui remonte vers le centre du village, et je tente de les rattraper.
Il avait plu, le sol était humide et le bitume irisé, les plaques d'égout étaient couvertes de flaques. Passant devant l'une d'elles, j'entends un sifflement étouffé et continu, mais je ne distingue rien. Mes amies se sont éloignées, le gémissement souterrain continue de se faire entendre alors que je commence à grimper la rue escarpée.
Sous mes pieds, je vois que l'asphalte abimé est troué en plusieurs endroits. A chaque fois que je passe devant une de ces fissures, j'entends la même plainte s'élever du sol. Le hululement semble à chaque fois aussi proche, comme si quelque chose me suivait sous la surface.
Peu à peu, je prends conscience qu'il y a là, en sous-sol, un deuxième "moi" qui reproduit mes pas à l'envers, faisant le même parcours dans ce monde inversé. Ou plutôt, ce n'est pas tant un "autre" que la seconde moitié de moi, nos deux corps en miroir ne formant qu'une seule entité. Mais la véritable terreur vient de la prise de conscience suivante. Ce corps duel est une coquille vide, arpentant la nuit. C'est à l'intérieur de celui-ci, à la jonction, que se trouve ce qui constitue mon "essence" (?), une boule d'éther compressée qui est la source du son que j'entends surgir du sol depuis le début de mon trajet, cri que je comprends enfin et qui dit : "Let me out !".
Monday, December 23, 2019
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