Tuesday, September 21, 2021

3 septembre 2021

 C'était une fin de journée, un samedi je crois. J'avais un peu de travail à finir quand des amis m'appellent pour les rejoindre à un petit festival qui mêle concerts et théâtre.

Je prends la voiture à la nuit tombée et me rends à un château un peu paumé aux prémisses de la montagne.
Les performances ont lieu dans la cour, et à la fin, chacun traîne dans les multiples alcôves du jardin. Je stresse un peu pour mon travail du lendemain, je ne comptais pas rentrer trop tard.
Une jeune femme m'aborde (une petite blonde très à mon goût), et m'explique au clair de lune, d'un air semi vexé et frondeur, qu'elle avait bloqué sur moi depuis 5 mois, (la dernière édition du festival, où je ne me souvenais plus être venu) mais que là non, c'était mort, tu dead ça, et la soirée traîne, et on finit ensemble quand même, puis elle me guide vers les derniers étages du château alors que la plupart du public s'en est allé.
Nous sommes escortés, par les soeurs, c'est l'héritière des propriétaires du lieu.
En montant, on tombe sur quelques saltimbanques qui répètent une pièce mythique. C'est une farce (ils sont déguisés en polichinelles ou princes du 17e), sur un portuguais venu autrefois au château. "J'exige 5000 écus, pour le précieux manuscrit de Corto !" dit le faux étranger, avant d'être dépouillé par les tenants du lieu, bien plus rusés que lui.
Je crois que j'étais le portuguais, ou que j'avais vu cette scène lors de ma dernière visite. Ils avaient transformé une escroquerie récente en un récit initiatique, et le jouaient comme un rituel.
Un jeune type aux cheveux longs et aux habits proprets, nous suit et tente de s'interposer, c'est un prétendant de ma jeune amie, mais il se fait refouler sans égards par les soeurs qui nous mènent aux appartements privés. L'étage du château est un endroit tout à fait différent du rez de chaussée, un complexe aux parois de verre bleuté, où des scientifiques en blouse tentent diverses expérimentations génétiques, sous une lumière tamisée.
Alors qu'on se retrouve enfin seuls, la terre se met à trembler. (Foutu pour la deadline travail du lendemain.)
Nous sommes passés au sous sol. On y attend des jours, il me semble. Il n'y a plus aucune nouvelle de l'extérieur.
On rejoint par des tunnels une sorte de gare souterraine, avec pour murs des parois de verre qui nous laissent voir la mer toute proche et la voie ferrée qui longe la côte.
Partout au loin, il n'y a que des flammes, et la gare est vide de tout voyageur, comme abandonnée.
Après un temps, nous voyons enfin le premier convoi qui s'avance sur les rails. Les quelques réfugiés sur place commencent à s'emballer, avant de réaliser que ce train de marchandise, un bloc de métal usé, n'a aucun chauffeur ni passagers. Le convoi s'écrase à son quai d'arrivée, nous tentons finalement de sortir.
En procession, on s'avance sur la passerelle qui sortant de la gare s'avance sur l'eau, il y a des ruines semi englouties sur notre chemin, des plantes qui ont repris leur domaine sur les roches (greco romaines, tout ça), des arches, des buildings à moitié écroulés, des fleurs mauves ou émeraudes, un soleil gigantesque enflammé par delà la mer, aucune âme sur la route, certains de mes compagnons se serrent, d'autres paniquent, moi je ne fais que pleurer et pleurer encore, tellement je trouve tout ceci magnifique, des nuées d'oiseaux noirs se posent sur les roches et les bâtiments immergés, comme des couronnes sur les arches mortes.

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