Saturday, September 14, 2019

(Date inconnue)

J'avais un ticket de train illimité pour une journée seulement. Pour profiter de ce jour libre, je pars toujours plus à l'est, vers les régions plus chaudes de l'archipel, en direction de la côte, prenant les premiers trains venus sans trop savoir où ils mènent...
Plus le voyage avance, moins il y a de rapides, seulement des petits trains locaux dont la fréquence se fait rare. Et les villes cèdent la place à des villages de plus en plus désertés. Les touristes, qui s'entassaient dans les rames au début de  mon périple, ont aussi disparu. Il n'y a plus que moi (nous ?) et quelques habitants du coin. A une dernière station, je commence à me demander s'il me sera possible d'effectuer le retour dans la journée. Il n'y a presque plus de trains au départ dès la fin de l'après midi...
Je suis dans une petite ville portuaire aux maisons aux murs blancs, qui reflètent le soleil. Des vieux filets de pêche sont accrochés ici et là. Il n'y a pas grand monde. Un gamin a peint une tour Eiffel branlante sur un mur, là où le village remonte un peu vers le phare.
Air de déjà-vu.
Nous ne sommes plus que tous les deux. Il faudra nous séparer de nouveau après cette balade. Elle m'avoue avoir fouillé autrefois dans mes papiers, être tombée sur une vieille note de journal intime.
"Et puis d'abord c'étaient qui ces Léa et Claire ?" me reproche-t-elle d'un air jaloux,  "une fois, tu dis les avoir vues toutes les deux dans la même journée, et qu'hormis ce que la première faisait avec sa bouche, c'était avec la seconde que tu avais passé un moment parfait".
"Je ne sais plus, à vrai dire, je ne suis même pas certain qu'elles aient existé.
Mais si je ne l'ai pas imaginée, je maudis encore souvent ma mémoire de m'avoir fait perdre sa trace. Il y a autre chose ?"
"Oui, je te volais tes cachets en secret pour les revendre à XXX et m'acheter des stillnox".
Le village est toujours aussi calme, complètement vide désormais. La lumière devient plus rase et chaude.
La nuit tombe, et je ne pourrai sûrement plus rentrer. Je suis tout seul et l'obscurité a déjà emporté le reste du monde à jamais. Seuls la colline et son phare sont encore un peu éclairés, et une partie de la mer, dernier îlots non engloutis.
La nuit se resserre.

No comments: