Friday, October 04, 2019

31 janvier 2019

Le monde était devenu une immense zone de trafic inter-urbain, mais sans villes, des paysages déserts de routes, ponts et rampes qui se chevauchent ; les herbes et buissons émergeant entre les voies.
Depuis l'espace, j'avais vu le globe perdre progressivement sa verdure : tout n'était plus qu'un réseau de nodes, chacun marqué par une réplique de la statue de Hachikô.
Pour se déplacer à la surface, il fallait donc traverser des couloirs de camions, des convois interminables dont les wagons reliés entre eux menaçaient à chaque instant de vous broyer au moindre virage contre une des colonnes de béton qui supportaient les rampes de bitume superposées.
Je suis donc ici, entre les bolides, et pour échapper à l'un d'eux qui s'apprête à m'enserrer comme un serpent, je n'ai d'autre choix que de bondir par dessus un talus entre deux voies. Quelques bosquets malingres ont poussé là, et l'espace qui les surplombe est recouvert d'un filet translucide, une dense toile d'araignée qui masque tout sur plusieurs mètres comme une brume diffuse.
Derrière moi, le camion se rapproche. Je balaie autant que possible devant moi avec une branche, et saute au dernier moment.
Alors que je flotte encore dans les airs, je sens la toile qui m'enserre au niveau du cou et m'étrangle, comme un foulard de gaze blanc où d'innombrables points noirs grouillent et s'agitent.

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